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vendredi 22 avril 2011

SOCIETE :LE MARCHE A 1.000 ANS !


Le marché du lundi ( dont on veut changer le jour depuis des lustres ! Mais on ne change pas quelque chose qui existe depuis 1.000 ans au risque de briser tout un passé et toute une mémoire ! ) est l’un des plus anciens du Pays d’Auge. Un texte médiéval nous apporte la preuve de sa longévité .
Les villageois de Vimoutiers entrèrent en conflit avec leur voisin, le puissant Roger de Montgommery ( Seigneur descendant d’un chef viking) dont la citadelle était édifiée sur la plus haute colline enserrant Vimoutiers : « le Mont Gomeri ». Ils lui reprochaient d’avoir voulu transférer le marché sur son territoire aujourd’hui situé sur la commune de Saint-Germain-de-Montgommery. Il demandèrent l’intervention du Duc et ... le marché revint à Vimoutiers !

De nos jours, cette manifestation qui fut si brillante a (comme le reste !) bien changée .

Quand j’étais gosse, haut comme trois pommes, dans les années 50, je me souviens avec trouble et délectation du marché du lundi après-midi.

La ville était en effervescence depuis le matin. On ne trouvait pas de place à se ranger ( Ca a bien changé ! )
Dans les commerces d’alimentation qui réalisaient, en quelques heures, autant de chiffre d’affaire que durant toute la semaine réunie, on s’affairait pour présenter à la clientèle les meilleurs produits de ce cru renommé. Tous les commerçants, sur les trottoirs, étaient en ébullition.

Pendant ce temps, Louise Le Chevallier, la « patronne » inamovible et incontestée du café de l’Equerre, préparait le « cafeu », comme les autres bistrots de la cité. On dit qu’elle vendait tant de tasses qu’elle faisait le café du lundi … dans des « lessiveuses » !

Après manger, toute la campagne environnante « descendait » au marché pour vendre ses ouvrages et faire provision de produits de bouche pour les jours à venir.

Les boutiques foraines s’étendaient alors de la rue du Moulin ( qui était à l’époque l’artère commerçante n°1) jusqu’au parvis de l’église Notre-Dame.
Je me remémore, alors que je fréquentais l’école publique de garçons, toutes ces carrioles qui envahissaient subitement la ville . Elles étaient dételées et impeccablement garées notamment dans la cour située prés de l’église, à côté du garage Devèze (Ne s’appelait-elle pas la « Cour de l’Ecu » ?).

L’un des derniers à venir le lundi à Vimoutiers en carriole était un paysan de Champosoult qui, à l’instar des autres propriétaires de véhicules hippomobiles, allait chez Lelong, le bourrelier de la rue aux Moines, pour faire « réviser » son attelage.

Très vite, les tractions avant Citroën - achetées chez Goubin - succédèrent aux voitures à cheval…

Le rez-de-chaussée de la Halle (qui n’était pas encore une Médiathèque ! ) accueillait, je me souviens, de nombreux camions (dont un énorme tracteur noir attelé d’une remorque de même teinte ) qui venaient principalement du Nord de la France et de Belgique pour acheter aux paysans ce beurre si succulent, si odorant que les agriculteurs négociaient alors dans de grands paniers en osier recouverts d’un foulard différent . Celui-ci garantissait l’origine et la marque du produit ( on ne parlait pas encore en termes américains ) . 
Après la vente de ce beurre, les paysans rapportaient ce panier dans les boucheries et les artisans le remplissaient de viande pour les besoins de la ferme ( Il est vrai qu’il y avait beaucoup de personnel dans les exploitations agricoles à cette époque !)

Ce marché, à l’instar du « marché aux fromages » avant la guerre où était vendue la plupart des « livarots blancs » était renommé et même considéré comme le principal marché au beurre fermier de Normandie !

Pendant que les femmes faisaient leurs courses, les hommes ( admirablement dépeints comme des « Princes consorts » par La Varende !) allaient au café où ils buvaient leur nectar favori avec de « la vieille » non sans être allés au préalable chez le boucher et le charcutier encaisser, jusqu’aux années 60, l’argent de leurs bêtes vendues pendant la semaine .

Souvent, le soir, il y avait beaucoup de « viande saoule » et les gendarmes devaient prendre leur Aronde noire pour ramasser quelques poivrots notamment au « Café des Fleurs » sis au bout de la rue du Moulin…

Les agriculteurs tiraient sur les guides de leurs chevaux, s’arrêtant parfois sur leur route « au dernier sou »…l’ultime café de la ville où ils sifflaient un dernier calvados .

Il arrivait que le cheval, pendant que son Maître dormait, rentre seul à la ferme . Il se pouvait que le fermier dorme dans son équipage.

La journée se finissait très tard pour les commerces d’alimentation, vers 22 heures approximativement. De nombreux paysans mangeaient  dans des restaurants ( En auraient-ils les moyens aujourd’hui ?) .

Le marché du vendredi, qui traditionnellement avait lieu sur les rives de La Vie était principalement consacré à la vente de veaux gras.

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