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dimanche 3 juin 2012

LA REINE D'ANGLETERRE ET ...LES HARAS NORMANDS !


Dans le cadre du Jubilé d’Elisabeth II :
Il y a 45 ans,
la Reine Elizabeth II visitait quelques haras normands
et non des moindres.
Les Armes de la Reine d'Angleterre qui sont également
celles de la NORMANDIE ...

La Reine Elizabeth II a toujours montré pour les chevaux une véritable passion, qui est, du reste de tradition dans la famille.

Longtemps maître dans ce domaine, les éleveurs anglais ne voyaient que d’un œil distrait les élevages qui se développaient autour d’eux, mais ils ne pouvaient plus ignorer celui de la France dont la qualité avait rejoint celle du leur.  La Reine Elizabeth II était parmi ceux qui l’avaient compris et  voulait connaître quelques uns des haras français les plus célèbres.

C’est dans cet esprit qu’elle programma une visite privée en Normandie au printemps 1967, en pleine saison de monte afin d’y voir quelques étalons de pur sang réputés avec l’espoir d’y marier l’une ou l’autre de ses juments.  La Reine était non seulement propriétaire de chevaux de courses mais également éleveur.

Le bimoteur « Andover » se posa sur l’aérodrome de Tours le vendredi 26 mai à 11h02. En début d’après-midi le convoi fit une première étape au Haras du Mesnil à Savigné l’Evêque près du Mans.  Edifié en 1908, le haras d’environ 1 000 hectares était dirigé par Madame Jean Couturié et son gendre Monsieur Bertrand de Taragon. La Reine y admira les sires en activité : Right Royal, Tiepoletto, Le Mesnil et Neptunus.

En fin d’après-midi, la seconde étape sera pour le Haras de Sassy, près d’Argentan, où le Duc et la Duchesse d’Audiffret Pasquier, amis de la famille d’Edimbourg, ont reçu leur hôte pendant les trois nuits de cette échappée royale dans leur superbe château pur XVIIIè. La soirée fut consacrée à la visite du haras et la présentation des étalons Dan Cupid, Silnet et Young Christopher. 

Le lendemain matin, samedi 27 mai, l’Alfa Roméo vert profond du Duc D’Audifrret Pasquier, pénètra dans la cour du Haras de la Verrerie, sur la commune de La Cochère où le propriétaire des lieux,  le Comte François de Brignac et son fils Elie, présentèrent leurs étalons Nasram et Baldric.

A 11h00, trois kilomètres plus loin, le Préfet de l’Orne, Mr. Herrenschmidt, le Sous-Préfet d’Argentan, Maurice Royer, le Maire du Pin-au-Haras, Pierre Danjou,  le Vicomte Raoul de Poncins, Directeur du haras du Pin, accompagné de son épouse et des officiers Henry Blanc ( sous-directeur ), Denis Charpentier ( sous-directeur écuyer ), Marcellin Charpy et Guy Bideault ( surveillants ), feront les honneurs du célèbre établissement.

La voiture des visiteurs qui arrivait discrètement par les petites routes de La Cochère entra par la grille de la fumière, la seule toujours ouverte dans un haras national et toujours située à l’arrière ou sur un côté de l’établissement. Elle traversa le Parc aux Daims, la cour des remises ou cour du Breil, la cour d’abzac, la cour Lambesc et stationna devant la conciergerie.

La visite programmée pour une vingtaine de minutes en durera une bonne heure et la petite cour Lambesc, à l’écart des voyeurs, dût être vite remplacée par la cour Colbert, sur les demandes expresses et bruyantes des journalistes, dont le plus tapageur d’entre eux Léon Zitrone, contenus à l’extérieur du haras, le nez à la grille d’honneur solidement fermée. Cette étape se clôturera par la visite du château et de ses salons, conclue par la signature du livre d’or et les salutations d’usage. 
Archives du Haras National du Pin




Sortant du château et s’arrêtant pour admirer la perspective de la cour Colbert, de la grille d’honneur et de l’avenue Louis XIV, la Reine demanda s’il y avait d’autres activités dans le haras. Aussitôt il lui fut détaillée rapidement les activités du domaine et des succursales, dont l’hippodrome, avec un peu plus de détails concernant l’Ecole des Haras.  Aussitôt elle souhaita y jeter un œil. A l’époque, l’Ecole occupait les cours d’Aure et Garsault, le petit manège et les écuries N°4 et N°5, le tout situé à l’Ouest du dépôt d’étalons.  Cette décision imprévue déclencha un branle-bas de panique. Denis Charpentier, Sous-Directeur Ecuyer, alerta discrètement l’Adjudant de l’Ecole, Roland HAY, afin que les cours et les écuries soient balayées sur le champ, avant l’arrivée du cortège.
Archives du Haras National du Pin


La présentation des reproducteurs était composée des étalons de pur sang Le Tyrol, Tryptic, Franc Luron et Furioso ( mort quelques mois plus tard et enterré sur le site dans l’avenue de la chaîne de Paris ). Suivirent l’étalon Selle Français Quidam, les Trotteur Français Hermès D et Patara et enfin, pour conclure, l’incontournable Percheron Titanic. En ce mois de mai, les cent dix autres étalons et les soixante dix palefreniers étaient encore répartis dans les stations de monte de la circonscription.

L’étalon Franc Luron arriva à son tour et se plaça en travers, à six pas, devant la Reine. Après quelques  brefs instants, Elizabeth II fit deux pas en avant vers l’arrière main de Franc Luron et, revenant à sa place, tourna la tête vers le directeur en lui disant « il a des jarrets identiques à ceux de son fils qui est à l’entraînement dans nos écuries. »  Effectivement, les jarrets de Franc Luron n’étaient pas dans le plus pur des standards et, ayant entendu cette remarque, les officiers des Haras présents considérèrent, sur le champ, que sa Majesté était dorénavant des leurs pour avoir observé de suite la défectuosité de l’étalon.

Malgré le retard pris sur l’heure du déjeuner, le chemin du retour vers Sassy, fut brièvement interrompue par une halte imprévue au haras de La Tuilerie, sur la commune de Silly-en-Gouffern. En effet, le Duc d’Audiffret Pasquier ne pouvait « éviter » son grand ami Monsieur Jean de Castilla, propriétaire éleveur à la Tuilerie . Celui ci fut très honoré de présenter le vainqueur du Grand Prix de Paris en la personne de son étalon White Label. 

L’après-midi sera consacré à la visite du haras de Fresnay-Le-Buffard où Monsieur et Madame Marcel Boussac présentèrent à la Reine Elizabeth II leur établissement et les deux  étalons vedettes, Auriban et Abdos avant de passer au salon pour le thé, car 17h00 avait sonné.
Archives du Haras National du Pin


Le lendemain, dimanche matin 28 mai, la Rolls Royce royale avait repris du service et la Reine fut reçue au haras de Saint Pair du Mont pour étudier les étalons Sicambre et Sigelbert. Vers 13h00, l’imposante voiture arriva dans les petites rues étroites d’Orbec pour un simple déjeuner réservé au restaurant « Le Caneton » dont les convives ressortiront vers 16h00 afin de rejoindre le château de Sassy.

La journée du lundi 29 mai débutera au haras du Quesnay avec la présentation des étalons Le Fabuleux et Dapper Dan avant de se terminer au haras de Meautry où le Baron et la Baronne Guy de Rothschild accueillirent à déjeuner avec enthousiasme la Reine et sa suite. Les étalons maison Exbury, Vieux Manoir et Diatome animeront la digestion.  Avant son départ, la souveraine ne manqua pas de visiter l’hippodrome de la Touques et l’établissement des ventes, guidée par MM. Romanet et Michel d’Ornano, Maire de Deauville.

A 17h00, l’avion de la royale propriétaire-éleveur de chevaux de pur sang décollait de l’aérodrome de Saint Gatien vers Londres.




Tanneguy de SAINTE MARIE
Haras du Pin
27 mai 2012

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